Kajika Aki Ferrazzini
Exposition du 16/04 - 16/05/2022
Deux années, c’est le temps que Kajika Aki Ferrazzini passe à faire naître The Death and the Life of the Little Mermaid (2019) et IMieiAmori (2020), deux frises mesurant une dizaine de mètres de long, dans une pièce de 16 mètres carrés parisiens, à l’abri des regards.
Seule, au sol, deux ans d'affilée.
Kajika est allongée, elle donne naissance.
Elle est en transe, sans cesse, elle dessine.
Comme si son âme prolongée par sa main faisait apparaître un monde qui doucement anéantit son isolement et l’accompagne dans sa nouvelle vie, fictive ou démentielle.
S’approcher des nuées de motifs en couleur et en noir et blanc que l’on peut apercevoir de loin, c’est s’apprêter à faire la découverte des personnages qui évoluent comme un leitmotiv wagnérien en musique : ils se répètent et déclinent leur existence sous des formes variées, dans un rythme continu et exponentiel, pour raconter l’histoire de leur métamorphose.
Êtres stellaires et mythiques, réels et humains, chacun chargé d’un sens intime distinct, s'unissent dans l’espace poétique de Kajika par les traits graphiques de leurs propres limites. Car comment définir une fin, un début ? De soi-même, de sa liberté et de celle d’autrui ? Il pourrait nous falloir autant de temps pour les admirer, les traverser, que le temps qui lui a fallu pour réaliser et faire exister chacun de personnages et les histoires qui leur appartiennent, et que peut-être, nous appartiennent aussi.
Kajika embrasse la nature humaine en dévoilant sa propre intimité, ses personnages oscillent entre les émotions violentes et douces. Ils pleurent, vomissent, tuent ; ils rient, embrassent, aiment, et fleurissent aussi, dans une constante recherche d’harmonie au sein du chaos, car pour elle, « au sein des plus grands drames, l’être humain a l’opportunité de laisser s’épanouir en lui les plus douces fleurs d’éternité ».
Kajika Aki Ferrazzini est née en 1993 à Paris. Après avoir obtenu un diplôme des Métiers d'Arts et du Design à l’école Estienne en 2016, Kajika commence un Master CRFA (Concepteur et Réalisateur de films d’animation) à l’école des Gobelins qu’elle arrête en 2017 pour se consacrer à son premier court-métrage MOM. Produit en solo dans une période d’un an, MOM a gagné le prix du Meilleur film au Festival International d’Animation de Tbilisi (Georgie, 2021), a obtenu une Mention spéciale au Future Film Festival (Italie, 2021), au Anima - Best of shorts 2022 (Belgique), et a fait partie de la sélection officielle du Festival du film International d’Annecy en 2021. Si ses études l’ont orientée vers l’illustration et l’animation numérique, elle consacre sa pratique en 2019 et en 2020 au dessin à l’encre noire et à l'aquarelle sur papier.